Valentin Alizer - Artiste-poete

Statement

À la croisée de l’expérimentation formelle et du récit autobiographique, la pratique de Valentin Alizer évolue conjointement dans les champs des arts visuels et de la poésie-performance et s’inscrit dès lors dans une recherche élargie sur le rapport texte-image-son.

Il en résulte un travail constitué de poèmes-partitions, de partitions graphiques et de protocoles ludiques, qui tendent — chacun à leur manière — à donner naissance à différentes formes de narrations.

Essentiellement : l’attente

Quand j’enlève tout, tout tout tout, j’ai le sentiment qu’il ne reste que la nécessité de faire, ou de ne rien faire d’ailleurs, mais de ne rien faire en tant qu’action de faire, quelque chose. Je veux dire, même mon action la quasi-plus-quotidienne la plus minime : me déplacer au café, m’attabler, boire le café, partir ; je ne la documente quasi plus, ou quasi plus que par bonne conscience (parfois); parce qu’il faut diffuser, ou disséminer plutôt.

Ce qui m’est nécessaire, c’est de faire ce qui est minime, qui n’importe pas, qui est futile. La futilité m’importe. J’aime quand elle passe au dessus. J’aime aussi quand elle est chancelante. J’aime quand elle ne tient pas debout, qu’on la béquille ; et quand elle tient debout, qu’on la pousse un petit peu, qu’elle ne tienne plus trop debout mais qu’elle quasi-vole, mais touche un bout du sol.

Je n’aime pas ce qui explicite, chez les autres, chez moi.

Je cherche à dire quasi-rien, et ce quasi-rien, qui prend que tchi de place, je l’étale ou le noie; les deux.

Dans mon approche en elle même il y a : aimer, attendre.

J’aime attendre, quoiqu’aussi : j’aime ne pas aimer attendre ; j’aime être coincé dans le temps de l’attente ; j’aime quand on ne peut rien faire d’autre qu’attendre, (j’entends là : d’autres utiles) ; j’aime être coincé dans la nécessité d’un temps perdu d’avance ; j’aime l’attente en boucles.

Le temps (le un temps long) prévaut et dès lors, le temps long compressé prévaut. C’est-à-dire : dès lors que je cherche l’attente ou le temps-long-prétexte, il se raccourcit, s’affine; et je joue de fait dans le temps fin et dans l’urgence induite.

Aussi: j’aime quand la tasse est belle et tinte la sous-tasse: le détail importe, dans l’urgence même.